Mourir pour de l’électricité

Published: 05-NOV-04

L’électrifi cation est un des défi s fondamentaux auxquels font face les gouvernements dans les pays en voie de développement. En Afrique subsaharienne, l’urbanisation avance plus vite que dans n’importe quelle autre région. En 2010, la région devrait avoir plus de 33 villes de plus d’un million d’habitants. Lagos au Nigeria est la première de ce lot – elle devrait atteindre 13 millions d’habitants en 2010.

En 2001, seuls la République Démocratique du Congo, Djibouti, le Gabon, la Mauritanie et l’Afrique du Sud avaient une majorité urbaine. Aujourd’hui, le nombre de foyers urbains pauvres de la plupart des villes de la région représente plus de 50% du nombre total de foyers. La tendance n’est pas exclusive à l’Afrique subsaharienne. Globalement, les citoyens ont tendance à migrer vers une seule ville qui est souvent aussi la capitale économique du pays. Ce qui semble manquer en Afrique, c’est une stratégie de planifi cation urbaine détaillée qui inclue l’électrifi cation.

Un rappor t fa i t par le “African Energy Policy Research Network”(AFREPREN) déclare que 80% des africains vivent dans la pauvreté urbaine et dans des bidonvilles. Parmi les deux-tiers estimés de la population africaine qui vit dans des zones urbaines, seulement 25% ont accès à l’électricité. Les niveaux d’électrifi cation des foyers urbains sont généralement audessous de 30%.

Entre 1970 et 1990, le nombre d’habitants urbains n’ayant pas d’électricité a augmenté d’un peu moins de 40 millions à 100 millions. Le rapport indique que cela revient à avoir tout le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, non électrifi é.

De plus, la pauvreté dans les villes urbaines à travers le continent a augmenté au rythme moyen annuel alarmant de 4,49%, environ 2% de plus que la croissance totale de la population. Cette pression sur la consommation urbaine d’énergie, qui a augmenté rapidement dans de nombreux pays.

Au Malawi, En Sierra Leone, en Guinée Bissau, au Mali et au Niger où la majorité de la population vit des conditions misérables, les gouvernements sont confrontés à un énorme défi d’infrastructure et de système sanitaire.

Par conséquent, l’électricité est chère et diffi cile à se procurer pour un habitant urbain pauvre dans ces pays. Une étude portant sur 45 villes dans 12 pays en voie de développement citée dans le rapport Afrepren montre que les plus faibles revenus (US$ 7-11 par personne et par mois) dépensent environ 22% de leur revenu dans l’énergie, alors que les plus hauts revenus (US$ 107 – 216 par personne et par mois)utilise une part dérisoire de 9% de leur revenu. Cela malgré le fait que les modèles de demande d’énergie des urbains pauvres sont largement confi nés à l’usage domestique. La tendance est perturbatrice quand on considère que les foyers des bas revenus sont généralement à proximité des principales transmissions et des centrales de commande d’électricité.

Les leaders présents cette année au Forum “African Business Leadership”de Eskom, à Johannesburg ont argumenté sur le fait que les pénuries d’énergie étouffent la croissance et le développement en Afrique. L’offre d’énergie a été citée comme l’une des priorités clé du développement dans l’initiative du Nepad. Rien que pour l’année passée, au Ghana, la “Electricity Company of Ghana”(ECG) a réalisé une perte nette de 470 milliards de Cédis, principalement due aux voleurs d’énergie et aux connections illégales. Les clients de la ECG dans la Région Centrale doivent environ 30 milliards de Cédis en factures d’électricité impayées. En Afrique du Sud, la compagnie énergétique Eskom déplore environ ZAR 2,2 milliards en comptes d’électricité non payés.

Au Lagos, la “National Electric Power Authority”(NEPA) déclare qu’on lui doit plus de N 2,4 milliards en factures d’électricité impayées et le nombre de connections illégales a augmenté. En 1999, le Kenya a arrêté plus de 600 personnes pour connections illégales au réseau électrique. Maintenant le pays a mis en place une législation dotée de pénalités plus élevées pour les contrevenants. Siles Zimu, Vice-président à la City Power de Johannesburg a déclaré qu’ils ont introduit de nouveaux services pour gérer le problème sans fi n des connections illégales d’énergie dans la périphérie de bidonvilles de Johannesburg. Dans un papier diffusé lors de la Conférence “Power Africa », plus tôt cette année, il a déclaré : “Nous avons créé une prise de conscience de la responsabilité du client et diffusé une information générale sur l’électricité. Nous essayons également de mettre en place une électrifi cation pré-payée dans les maisons pour résoudre le problème de la demande. »

Mais cela pourrait ressembler à une solution de court terme. AFREPEN affi rme qu’une large portion des subventions du gouvernement et de l’aide internationale au développement a pour but de soutenir des infrastructures d’énergie modernes. Mais cela sert largement à servir les besoins des secteurs formels urbains, commercial et industriel et des maisons urbaines à moyen et haut niveau de revenus. Un service énergétique pour les urbains pauvres n’est pas encore dans l’agenda social et politique des leaders africains.

Récemment, le district Kasoa de la Région Centrale du Ghana a enregistré des connections illégales fraîches. Mais, David Alhassan Jangu, Directeur Régional Central de ECG affi rme que, durant le premier trimestre de cette année, ils ont récupéré une unité totale de 38 150 KW/h avec une valeur de 30 232 000 millions de Cédis le premier trimestre de cette année.

Mais le gouvernement a été amené à entrer dans l’action. Environ 3,8 milliards de Cédis ont été dépensés dans l’expansion et la qualité de l’offre d’énergie. 753 millions de Cédis ont été dépensés en maintenance d’équipement, débroussaillement le long des lignes et réparation de fi ls coupés, tout cela étant destiné à réduire les interruptions d’énergie.

Récemment, John Kufuor, le Président du Ghana a appelé à de nouveaux investissements dans la production d’électricité pour stimuler le développement industriel. Il a averti qu’à moins de perfusion d’argent dans la production d’électricité, il serait laissé derrière dans le développement industriel. En août 2002, le gouvernement a mandaté la “Public Utilities Regulatory Commission”(PURC) pour défi nir les nouveaux tarifs de l’électricité. Le but était de sortir le gouvernement de ses dépenses sans cesse croissantes en approvisionnement d’énergie à la population. Les tarifs ont été de nouveau augmenté en 2003.

Les agents d’ECG organisent fréquemment des programmes éducationnels pour les urbains pauvres du pays sur la conservation d’énergie et la gestion du coté de la demande. Mais les résultats restent encore à être prouvés.

M. Joseph Coleman, Directeur de la division des opérations à ECG explique qu’il y a assez d’énergie pour servir les communautés entières, mais la plupart a été annulé par les connections d’énergie illégale. Maintenant, le gouvernement veut prendre une position dure contre ces connections électriques illégales. “Ceux qui seront liés à ces connexions illégales d’électricité seront condamnés à une amende ne dépassant pas 5 millions de Cédis ou pourraient être emprisonnés, et en cas de récidive, à une amende plus sévère. »

Il révèle que du fait de ces mesures, les gens rapportent à leurs bureaux et donnent des informations sur ceux qui sont engagés dans des connections électriques illégales et “nous les arrêtons l’un après l’autre, et je pense que les choses s’améliorent jour après jour et je crois que les choses iront de mieux en mieux au fur et à mesure. »

Il apparaît que les gouvernements africains ont besoin de comprendre rapidement que le défi principal des 20 prochaines années est de gérer le développement des installations humaines, de façon à satisfaire les buts sociaux, économiques et environnementaux du développement durable. Cela commencera quand les principales villes du continent seront éclairées à un coût minimum pour les pauvres.





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